1
–
Expérimentations
autour du brouillage
La question que nous nous posons maintenant est la suivante :
«
Est
-
il possible de
“compenser” la détection de la masse de cuivre, avec une autre
masse métallique (fer
...
) ou un champ magnéti
que créé par une autre bobine ?
»
La réponse est
respectivement non et
oui. La présence d’une bobine
indépendamment alimentée au
-
dessus d’une de cell
e du détecteur provoque des
réactions intéressantes. Outre la masse de fils de cuivre de la bobine, si l’on envoie un
signal sinusoïdal dans ce nouveau circuit (avec une faible résistance pour éviter de
mettre le GBF en court
-
circuit), on observe que, selo
n la fréquence du signal, le filtre
ne réagit pas de la même façon. Un signal continu, quand à lui, n’a absolument aucun
effet.
Lorsque la fréquence du signal est éloignée de la fréquence centrale du filtre,
rien ne se passe. Cependant, lorsqu’on la fait
évoluer vers cette fréquence centrale, on
observe des perturbations de plus en plus importantes sur l’entrée EA1, qui
correspond au signal en sortie de filtre. Il semblerait que le champ magnétique
de la nouvelle bobine indu
ise une modificatio
n du signal
:
c’est à ce stade
que les
expériences
deviennent intéressantes.
En effet, lorsque la fréquence du signal parasite se rapproche de celle du signal
de référence, l’amplitude et la fréquence du signal en sortie de filtre augmente
nt
de
façon très
sensible
. Cela
fauss
e
la tension continue obtenue après le détecteur de crête
(expérimentalement, nous avons découvert qu’elle pouvait dépasser les 12V, pour
une tension normale hors détecti
on de 7.5V !), et donc rédui
t considérablement la
sensibilité du
filtre. Lorsque la bobine
«
parasite
»
est en place et réglée proche de la
fréquence centrale (
± 15%
), la présence d’une masse de cuivre volumineuse passe tout
simplement inaperçue : le détecteur est aveuglé par le champ magnétique !
Cependant, cette
possibilité de «
brouiller
»
un détecteur de ce type de man
ière
efficace et assez simple
pose un léger problème technique pour une utilisation dans
un cadre réel (purement théorique malgré tout !). En effet, il est impossible de
déterminer la fréquence ce
ntrale du filtre du détecteur sans connexion directe
vers une plateforme d’acquisition. Mais des mesures sur l’intensité aux bornes de la
résistance du circuit du brouilleur ont révélé une particularité assez étonnante. Nous
avons découvert que,
plus la fréquence du brouilleur est proche de celle du filtre
(donc, plus le brouilleur est efficace), plus l’intensité du courant aux bornes de la
résistance diminue... pour ré
-
augmenter lorsque l’on s’en ré
-
éloigne. Il est possible
que nous ayons là un m
oyen de calibrer le brouilleur, sans même avoir à toucher au
filtre du détecteur. Auquel cas nous aurions un brouilleur parfaitement
fonctionnel, pour un montage utilisant un filtre passe bande.
Ainsi, avec une résistance
R
de
100 Ohm
,
nous obtenons les mesures suivantes
:
Graphiquement,
l’efficacité du brouilleur est indéniable
:
Et, si ces dernières valeurs ne peuvent être obtenues qu’en ayant un accès
direct au détecteur en lui
-
même, ce n’est pas le cas de celles de
l’intensité dans le
brouilleur.
Les très faibles valeurs et la précision limitée de nos appareils de mesure font
que la courbe, au lieu
d’atteindre un minimum à 22
kHz,
s’écrase sur le 0. Cependant,
comme dit plus haut, il n’est pas nécessaire d’être ex
actement sur la fréquence
centrale du filtre, et ce que l’on perd en précision peut être compensé par la puissance
du champ magnétique.
Photo du montage utilisé pour ces expériences.
Le brouilleur repose tout enti
er sur le principe d’induction.
Lorsque deux bobines sont superposées, tout courant circulant dans l’une des bobines
induira,
via
le champ magnétique, un courant similaire dans l’autre bobine.
Cependant, la bobine du détecteur, loin d’être passive, est elle aussi parcourue par un
courant
très caractérisé. Ainsi, pour que le courant induit par la bobine du brouilleur
ne s’oppose pas à celui du filtre, il faut que leurs caractéristiques soient similaires,
d’où la similitude dans les fréquences d’utilisation.
L
a bobine du détecteur est en
qu
elque sorte transformée en générateur, ce qui augmente artificiellement la tension
efficace du signal en sortie de filtre.
2
–
Applications
Comme la photo ci
-
dessus peut en attester, si notre montage en laboratoire
permet bel et bien d’induire le
détecteur en erreur, la taille conséquente des bobines
par rapport à l’échelle des voitures utilisées nous fit réfléchir à la création d’un
modèle plus réduit. En pratique, cela se traduit par la fabrication d’une bobine
capable de passer sous la carlingue
.
Cependant, une fois encore quelques problèmes furent soulevés, heureusement
cette fois pendant la phase de conception. Tout d’abord, les bobines utilisées en
laboratoires faisaient 320 spires, pour 15cm de diamètre. Un rapide calcul nous
indique que cela
correspond à plus de 150m de fil enroulé à la machine. Il fut donc
clair qu’il nous serait impossible de faire un
e bobine aussi longue, dans un
espace
plus restreint,
et à la main qui plus est. Finalement, nous réussir à compresser une bobine de 110m de f
il de cuivre émaillé ø0.20mm sur une bobine rectangulaire de
8x5.5cm, soit environ 400 spires.
Le second problème soulevé fut plus théorique
: la carlingue métallique des
voitures risque d’agir comme une cage de Faraday, et d’absorber une grande partie du
champ magnétique avant même qu’il ne soit utile. Théoriquement, le dessous des
voitures de modélisme étant en plastique pour des raisons d’économie, ce
phénomène ne devrait pas être un problème
; cependant, nous préférâmes ne pas
courir le risque, et nous
optâmes pour une vieille voiture téléguidée en plastique
comme support, que nous avons artificiellement lestée de boulons et autres ferrailles
là où elles ne devraient pas gêner le brouilleur.
Par ailleurs, petit bonus rajouté par un bricoleur blagueur, la
voiture roule
toute seule grâce à une pile et un moteur.
Troisième et ultime problème, qu’il fut cette fois impossible de résoudre
: un
GBF est un appareil
lourd
et
volumineux.
Nous aurions plus de chances de faire
rentrer la voiture dans le GBF, que l’i
nverse. Il est donc nécessaire de laisser trainer
deux fils à l’arrière de la voiture, afin de connecter la bobine à son alimentation. A
échelle réelle, ce problème ne devrait pas se manifester.
Finalement, notre prototype de voiture avec brouilleur finit
par ressembler à ça
:
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